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L’éducation, la voie de l’émancipation

Pour démanteler les inégalités et les discriminations liées au genre, nous devons agir à plusieurs niveaux, en soutenant les femmes et les filles dans leur lutte pour l’obtention de places qui leur reviennent de plein droit. L’éducation est le premier niveau.

© Cartier Philanthropy / Andrea Borgarello

« J’ai un grand rêve. Les gens se moquent souvent de moi quand j’explique de quoi il s’agit, mais je le raconte tout de même. » Razia sourit largement, comme si ce sourire lui insufflait le courage de parler. Son regard est calme, mais affirmé ; ses mots sont doux, mais vibrants de détermination.

Razia, petite dernière d’une grande famille de Kaboul, veut obtenir un master à Oxford puis retourner dans son pays d’origine, l’Afghanistan, pour y créer sa propre entreprise et aider les femmes afghanes qui n’ont jamais eu la chance d’aller à l’école.

« Cela commence par l’éducation d’une fille et se termine, je l’espère, avec une femme leader », a déclaré l’ancienne première ministre australienne, Julia Gillard. Les ambitions de Razia attestent de la force de l’éducation, sésame vers l’émancipation. 

Razia est l’une des quelque 2000 étudiantes et anciennes élèves de l'Asian University of Women (AUW) de Chittagong. Construite sur la tradition des arts libéraux des meilleures universités féminines américaines, affichant une perspective internationale, mais profondément enracinée dans son contexte asiatique, l’institution basée au Bangladesh est un environnement tout à fait unique où l’art, la technologie et l’engagement civique imprègnent les lieux.

« Nous cultivons la créativité du poète et le savoir-faire de l’ingénieur », explique Makal Ahmad, le fondateur de AUW.

Institution à 100 % féminine, l’AUW accueille de jeunes femmes talentueuses issues de communautés d’Asie et du Moyen-Orient aux ressources limitées et aux horizons divers : filles de bénéficiaires de microfinancements, d’ouvriers des plantations de thés ou de l’industrie textile, de diplômés des écoles coraniques, les madrasas, ou d’habitants des villages de montagnes isolés qui n’ont jamais envoyé quelqu’un à l’université —encore moins une femme. Dans les couloirs de l’université, les étudiantes se côtoient, se mélangent, et avec elles, les religions qui s’opposent depuis des générations. Les échanges se prolongent dans les salles de classe où elles débattent des normes sociales, des règles et des lois ; nourrissant leurs ambitions et, en chemin, améliorant le monde.

En mettant l’accent sur le développement de l’esprit critique, les compétences de résolution de problèmes et les qualités de leadership, l’AUW prépare ces jeunes filles à des carrières dans lesquelles elles peuvent potentiellement influencer les politiques, les structures de gouvernances et les vies d’autres individus, principalement dans leur pays d’origine. Ces jeunes filles ont conscience que l’expérience est unique et la pression qu’elles ressentent leur donne du courage, de la persévérance et une audace qui se perçoit dans leur regard.

« J’ai l’impression de représenter toutes les Afghanes qui ne peuvent pas fréquenter les bancs d’école. J’étudie et j’irai loin pour elles » dit Masuma, amie de Raza, elle aussi étudiante à l’AUW. « J’ai déjà une petite idée de ce que je ferai de retour chez moi. Je voudrais développer un business autour du safran, “l’or rouge de l’Afghanistan”. Ici au Bangladesh, le safran est très cher, c’est un produit de luxe. L’Afghanistan est sur le point de devenir le troisième producteur mondial de safran. J’y vois une opportunité. De plus, c’est aujourd’hui un commerce dominé par les hommes, j’ai envie qu’il devienne aussi celui des femmes. »

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© Cartier Philanthropy / Andrea Borgarello

La force du modèle et de l’approche de l’AUW est que l’institution, par son statut même, remet en question l’idée que les pauvres devraient uniquement recevoir l’éducation de base, pas au-delà - et encore moins une éducation universitaire.

L’éducation supérieure de femmes comme Raza et Masuma transcende le bouleversement des stéréotypes et des normes sociales qui font que les filles et les femmes sont confrontées aux pires discriminations et pires formes d’exclusion : elle métamorphose le paysage mondial de manière irréversible et influence notre avenir, car elle favorise l’émergence d’individus visionnaires, socialement engagés et actifs.

Voici comment les diplômés de la promotion 2019 de l’AUW ont choisi de l’exprimer, de célébrer leurs réalisations et d’appréhender le futur :

« Nous sommes les sœurs et les filles des âmes oubliées d’un monde injuste. Nous nous élevons avant tout vers un nouveau départ comme un vent qui ne connaît pas de frontières. »

« Nous croyons à la lutte contre les discriminations, à l’avènement d’une utopie, d’un monde où le genre, la race, la religion et les questions sociales ne sont plus des obstacles à notre identité. Nous croyons aux désaccords ; à l’expression de nos opinions pour parfaire ce monde imparfait. » 

Cartier Philanthropy offre à vingt jeunes femmes issues de milieux défavorisés d’Asie des bourses complètes pour obtenir un diplôme universitaire et leur permettre ainsi d’exprimer tout leur potentiel et de s’épanouir.

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© Cartier Philanthropy / Andrea Borgarello

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